Réflexion sur la nécessité de l'intégration de la technologie dans l'agriculture en RDC
Crédit photo: Farm review Africa
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NOTE: Cette réflexion portant sur " la nécessité de l'intégration de la technologie dans l'agriculture en République Démocratique du Congo" a été faite par BULONZA Enock, étudiant en Master 2 en Communications Sociales à l'Université Catholique du Congo (Août 2022)
I.INTRODUCTION
L’agriculture est l’un des piliers de
l’économie dans plusieurs pays africains. Ce secteur complexe et passionnant
représente 32% du PIB africain et englobe 60% de la population active. La
majorité des exploitations, 80 % environ, sont de petites tailles. Celles-ci
ont souvent été la caution d’une agriculture attentive et respectueuse, de par
l’utilisation minimale de produits chimiques.
En République Démocratique du Congo, par
exemple, ce sont les petits agriculteurs vivant dans les coins les plus
enclavés qui assurent l’exploitation des denrées alimentaires et nourrissent
les habitants des grandes villes du pays, telles que Kinshasa, Lubumbashi,
Goma, Kisangani, … En effet, ce pays dispose
de plus de 80 millions de terres arables et une diversité de climats appuyée
par un réseau hydrographique permettant de pratiquer une gamme variée
d’agriculture. Pourtant, seulement 10% de ces terres sont actuellement
exploitées, note l’Agence nationale pour la
promotion des investissements. A ce problème s’ajoute :
·
Le taux de
pénétration d’internet évalué
à 17,6%.
·
Le taux élevé
d’analphabète évalué à 29,1% dont 41% de femmes et 21% d’hommes, selon une
enquête menée en 2017 par l’Unicef.
·
Les problèmes sécuritaires.[1]
Malgré les efforts par ces agriculteurs
artisanaux, il s’observe des changements climatiques et d’autres freins qui
entravent leur élan. Il s’agit d’une part, des
défis d’ordre météorologique (le changement climatique, inondation,
sècheresse, le manque d’accès aux informations et d’une autre part, les contraintes matérielles. Les engrais, essentiels à la croissance, mais
coûteux ne sont que peu utilisés par les agriculteurs africains et très
peu d’entre eux disposent de systèmes d’irrigation.
D’après le rapport de la CNUCED (2015), seulement 4% des terres cultivées en Afrique
subsaharienne sont irriguées, soit 35% de moins qu’en Asie du Sud par
exemple. Le manque de connaissance relatif à la courbe de la demande et au cours
des prix est une autre entrave au développement du secteur agricole [1].Les produits sont vendus directement à la ferme ou
sur les étals des marchés locaux et sont exportés à l’échelle nationale
voire internationale au travers d’intermédiaires. Les agriculteurs ont donc un potentiel de croissance
limité et profitent peu, voire pas du tout des hausses des prix
contrairement aux distributeurs
qui spolient les surplus. Le manque d’accès au financement et une
contrainte supplémentaire. Seul 10 milliards de dollars de crédits sont
accordés pour une demande qui atteint 450 milliards de dollars.
En effet, les africains en général et les congolais en particulier sont peu
bancarisés et les exploitants ne font pas office d’exception.
Leur solvabilité ne pouvant être vérifiée, les crédits leur sont généralement
refusés. L’investissement est pourtant essentiel au développement du secteur[2]. Le
potentiel agricole congolais est énorme mais le manque de moyen est conséquent.
La RDC connaît une forte croissance démographique et les risques de
malnutrition et de dérivation risquent d’accroître et d’être accélérés par le
dérèglement climatique, l’insécurité et les conflits intercommunautaires qui
déchirent le tissu social congolais. Face à cette situation, le numérique peut
apporter une solution sur le long terme à condition que les initiatives émanent
du continent, pour répondre au mieux aux contextes qui lui sont spécifiques.
II. DEFINITION DU CONCEPT AGRITECH
L'agritech est l'utilisation d'une technologie pour l'agriculture qui est développée pour améliorer l'efficacité et la rentabilité. Bien qu'elle soit plus couramment utilisée dans l'horticulture et l'agriculture, l'agritech se retrouve également dans la foresterie, l'aquaculture et la viticulture.[1] Agri-tech vise à améliorer l'agriculture grâce à la surveillance des informations et à l'analyse des conditions météorologiques, des ravageurs, du sol et de la température de l'air. L'agro-technologie comprend également l'utilisation de l’automatisation, comme le contrôle des appareils de chauffage et de l'irrigation et l'utilisation de la lutte antiparasitaire par la dispersion de phéromones en aérosol[H1] . Les technologies et les applications en agro-technologie comprennent :[2]
· Drones;
· Photographie et
capteurs satellites;
· Réseaux de capteurs
basés sur l'IoT;
· Suivi de phase;
· Prévisions
météorologiques;
· Arrosage automatisé;
· Contrôle de la
lumière et de la chaleur;
· Analyse logicielle
intelligente pour la prévision des ravageurs et des maladies, la gestion des
sols et d'autres tâches analytiques impliquées.
iii.L’AGRITECH ET L’ÉDIFICATION D’UNE
AGRICULTURE PRODUCTIVE ET DURABLE
L’Agritech est une solution d’avenir pour
l’essor de l’agriculture en Afrique. Cependant, le nombre d’innovation, provenant du continent, reste
faible. En plus, elles sont concentrées dans la région Est. Le manque de
financement et de support empêche également leur profusion.[1]
En RDC, les start-up spécialisées dans
l’Agritech restent peu nombreuses, on en compte une centaine, principalement à l’Est. Cependant,
depuis quelques années, de plus en plus d’initiatives éclosent des quatre coins
du continent. La fertilité des sols fait l’objet d’une
attention particulière. L’Agritech est pour beaucoup considérée
comme étant la solution pouvant répondre aux défis auxquels sont et seront
confrontés l’Afrique et ses habitants. Les innovations proposées ont un impact positif sur le rapport
coût-efficacité, permettent une production plus rapide et assurent un revenu
plus important aux producteurs.
Des systèmes de surveillance ont été mis en place permettant une
meilleure exploitation. Les capteurs analysant les variables
pluviométriques par exemple, conduisent les agriculteurs à mieux concevoir et gérer leurs
opérations. L’utilisation de drones est également en pleine essor allouant un
contrôle à distance. Aussi, les systèmes d’automatisation permettent une
gestion efficiente de l’eau et ont donc une répercussion sur la qualité des produits.
La solution la plus en vue en termes d’Agritech est Kivu
Green qui propose, entre autres des
systèmes aquaponiques urbains, efficients et économiques en eau, qui permettent
la production de légumes biologiques grâce à un engrais naturel provenant des
excréments de poissons. [2]Elle établit un lien
direct entre exploitants et consommateurs et garantissent ainsi un commerce
plus équitable. D’autres start-up proposent des solutions pour améliorer
l’agriculture, malheureusement elles font à plusieurs défis d’ordre financier.
IV. CONCLUSION ET
RECOMMANDATIONS
Nous voici au terme de cette réflexion portant sur la nécessité de
l’intégration de la technologie dans l’agriculture en RDC. Dans ce travail,
nous avons passé en revue la situation du secteur agricole au niveau du pays et
du continent. De ce qui précède, pour l’implosion de l’agritech, nous proposons
quelques pistes de solutions axées sur trois volets (L’Etat, les Agripreneurs
et les médias)
IV. 1. L’Etat doit :
· Mettre en œuvre le plan du numérique, horizon 2030 pour le
déploiement d’une bonne connexion internet pouvant permettre aux agripreneurs
de s’appuyer sur les TIC pour changer la donne dans le secteur agricole ;
· Octroyer des financements aux agripreneurs pour l’amélioration de leurs productivités ;
· Organiser des concours (Hackton, Agrickton,…) pour stimuler l’esprit de créativité dans les fiefs des agripreneurs ;
· Mise en place d’une bonne politique de réseautage des agripreneurs, à travers la signature des partenariats privés-publics, …
IV.2. Les agripreneurs
doivent :
· Malgré les défis, ils doivent fournir d’énormes efforts pour
améliorer leurs solutions numériques ; en vue d’apporter solutions aux
réels problèmes du secteur agricole au niveau du pays ;
· Evoluer en réseautage pour l’efficacité de leurs réalisations ;
· Ils doivent multiplier les séances de sensibilisation pour faire
connaitre leurs incitatives auprès de leur cible (la population, les
agriculteurs lamba, …
IV.3. Les médias :
· Approcher les agripreneurs afin de les aider à faire passer leurs
messages ;
· Ils doivent organiser des émissions sur les solutions développées
par les agripreneurs ;
· Ils doivent organiser des débats et autres activités de réflexion sur l’apport de l’agritech dans l’agriculture en RDC…
[1] https://www.construction21.org/france/articles/h/l-agritech-au-service-d-une-agriculture-productive-inclusive-et-durable.html, consulté le 10 août 2022 à 22h 30.
[2] https://kivugreen.com/fr/, consulté le 24
juillet 2022 à 22h30.
[3] https://www.brad.ag/le-blog-agriculture-de-brad/agtech-technologie-agriculture/, consulté le 07 août 2022 à 14h20
[4] https://crowdfundingmagasine.com/les-innovations-des-startup-dans-lagriculture-seduisent-les-fonds-dinvestissement/,
consulté le 10 août 2022 à 22h 30.
[5] https://unctad.org/fr/system/files/official-document/ldc2015_fr.pdf, consulté le 07 août 2022 à 13 h23.
[6] https://www.eib.org/attachments/efs/economic_report_banking_africa_2020_fr.pdf,
consulté le 07 août 2022 à 14h20
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